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Dans quelle mesure l'IA va remplacer le travail de l'avocat ?

March 6, 2023

Le droit a saisi l’intelligence artificielle afin d’encadrer son progrès et afin d’en limiter les dérives. L'intelligence artificielle a également saisi le droit : elle change à la fois les métiers, les méthodes de travail et les normes. Alors que certains craignent une mort programmée des professions juridiques, les outils se multiplient et sont de plus en plus adoptés.


Legal tech, justice prédictive et plus encore l’intelligence artificielle (IA) en droit sont devenues des sujets très en vogue. Ces technologies ouvrent la voie à de nombreux débats sur les progrès et la potentielle disparition progressive des métiers juridiques.

Cela fait plusieurs années que l’IA prend une part important dans notre quotidien, dans la vie privée et professionnelle. Elle permet de gagner un temps considérable, se soustraire à des tâches chronophage et sans plus-value intellectuelle. Toutefois, elle pose également la question du remplacement de certaines tâches, ou certaines activités et ainsi l’inutilité de l’être humain dans certains métiers.

L’utilisation de technologies, de l’intelligence artificielle et des legals tech dans leur ensemble est de plus en plus répandue.


Quelques illustrations…


Pour ceux qui seraient passés à côté, ChatGPT est un prototype d'agent conversationnel utilisant l'intelligence artificielle, développé par OpenAI et spécialisé dans le dialogue. Concrètement, au-delà d’avoir une conversation avec un robot, ChatGPT permet d’écrire des livres, des articles de journaux, de poser des questions en ayant des réponses correctes. Il peut être questionné sur tous les sujets afin de nous apporter un véritable éclairage à la lumière de tout le contenu dont il dispose.


Le monde juridique s’empare également de ces technologies. Le cabinet d’avocat Allen & Overy s’est lancé en 2023 dans l’intelligence artificielle dédiée aux services juridiques. Le cabinet a annoncé le lancement de la plateforme Harvey, plateforme d’intelligence artificielle dédiée aux services juridiques, basée sur les derniers modèles d’openAI.

Concrètement Harvey, c’est quoi ?

Il s’agit d’une plateforme intuitive utilisant le machine learning. Elle analyse les données pour automatiser et améliorer le travail juridique (contrats, due diligence, contentieux, conformité règlementaire…). Harvey est un chatbot permettant d’échanger en langage naturel avec son utilisateur et de lui apporter une réponse parlée.

Quel objectif ?

Permettre aux avocats de proposer des solutions plus rapides et plus adaptées aux clients.

Au-delà des recherches, un vrai raisonnement et une logique juridique s’inscrit dans son utilisation. Alors que les moteurs de recherches agrègent de l’information, l’IA l’analyse, l’interprète et la fait évoluer. Elle mène une réflexion et pourrait même être capable (à terme?) de mener une réflexion juridique, établir une stratégie, une recommandation.


Harvey n’est pas la première innovation utilisée dans le monde juridique. Depuis plusieurs années, la plateforme Doctrine permet de rendre l’information interne et externe plus accessible et intelligible pour les professionnels du Droit. Cela est rendu possible grâce à la technologie et plus particulièrement à l’IA. Doctrine révolutionne la recherche et la veille juridique pour faire gagner du en productivité et en pertinence dans l’accès à une information exhaustive et actualisée.


Quels intérêts pour les avocats ?

L’IA aide les avocats à accomplir certaines tâches plus rapidement et efficacement, notamment s’agissant de l’analyse des données, la recherche juridique, la rédaction de documents juridiques standardisés et la préparation de stratégies juridiques. Cela permet de mettre en place des processus et permettre à l'avocat d'avoir en fin de compte un lien direct avec les clients uniquement sur les sujets qualitatifs. Les outils technologiques permettent de fournir une information contextualisée et automatise des tâches à faibles valeur ajoutée pour aider l’avocat à se concentrer sur son rôle de conseil. L’avocat devient à ce stade un concepteur des solutions plus qu’un fournisseur de l’information. En fin de compte, l’utilisation de l’IA et des nouvelles technologies permet d’obtenir une meilleure rentabilité pour les cabinets.


Les limites qui rassurent face au devenir du métier d'avocat

  • Une révision nécessaire des avocats : les technologies n’ont pas vocation à remplacer le travail de l’avocat. Ces outils permettront in fine à l’avocat de se placer comme un réel partenaire, une personne qui challenge les idées, optimise son temps de recherche ;
  • L’avocat exerce des fonctions essentielles qui ne peuvent pas être facilement automatisées : la représentation au tribunal, la négociation de contrats, l’interaction avec les clients, la compréhension des nuances de la loi, la prise de décisions complexes, l’application de jugement professionnel dans des situations difficiles.
  • Le métier d’avocat nécessite de la créativité, de la flexibilité et une compréhension approfondie de la dynamique humaine. Toutes ces compétences ne pas évidentes (voir impossibles) à enseigner aux machines. Les experts en sciences cognitives expliquent que le cerveau humain va au-delà des capacités de l’IA. L’appel de la technologie n’affaiblit pas le besoin du client en empathie et la finesse de l’interprétation de l’avocat.
  • Dès lors qu’une dose de complexité, d’ambiguïté, d’humour ou d’ironie dans la demande juridique est introduit, l’IA n’est pas conçue pour l’interpréter.


In fine, l’objectif pour les avocats est de s’adapter à ces nouvelles technologies afin de les utiliser de façon à améliorer leur travail, plutôt que de remplacer complètement leur expertise.

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